Alors ce fut l'enfer...
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Alors ce fut l'enfer. On croyait les limites de l'horrible atteintes depuis longtemps. Elles n'étaient que péripéties et bagatelles auprès de ce que l'on allait voir à Alger et à Oran. Le cataclysme, l'Apocalypse, la négation même du moindre sens moral. Depuis si longtemps on disait en Algérie : gagnons. Par n'importe quelles méthodes, mais gagnons ! L'efficacité avant tout, prônée par certains militaires depuis 1957, portait ses fruits. Des fruits épineux dont l'amertume procurait à leurs amateurs les sombres satisfactions du désespoir. Comme on ne pouvait plus gagner, on tuait, on cassait. Il fallait couper les ponts, supprimer tout contact avec les musulmans. Qu'il n'y ait plus rien de possible.
Il n'y avait plus de chefs. Degueldre avait été remplacé par un certain Paulo. Mais l'homme, nommé par Susini, ne pouvait régner sur la troupe anarchique des deltas que le lieutenant légionnaire avec ses manières rudes et sa poigne de fer ne parvenait même plus à maintenir.
Gardy avait remplacé Salan. Mais il restait à Oran. Il avait délégué ses pouvoirs algérois à Godard à qui personne n'obéissait, à commencer par Susini.
Gardy avait exposé son « plan ». Il se résumait à former des bastions dans les centres urbains à forte majorité européenne où toute la population refuserait la moindre « annexion » algérienne. Le vieux général était dépassé, incapable de se faire écouter à Alger où l'on ne comprit que ce qu'on voulait comprendre : éliminer les Algériens musulmans. Créer un véritable « apartheid ». On ne voulait plus les voir ces « ratons » dont venait tout le mal. Il fallait saboter toute tentative de rapprochement d'où qu'elle vienne.

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La fin de l'OAS